samedi 9 mars 2019

Peinture et période fauve


  Eugène Jusselin nait en 1852 à Gien , fils d'un ferblantier et d'une couturière. Bientôt suivi de son frère cadet  Paul (qui, lui, y fera toute sa carrière ), il fait ses classes de peintre sur faïence comme apprenti dans les ateliers de la ville,  et ne tarde pas à s'y faire une certaine renommée.
  En 1875 il y épouse Maria Brou.



  La même année, à Nevers,  Antoine Montagnon  vient de racheter la faïencerie Signoret et, pour moderniser sa fabrique,  il attire à Nevers les meilleurs spécialistes des différents corps de métiers, dont les peintres Jusselin et Brouard,  pour développer  la  décoration  de grands plats avec des scènes  tirées de l'Ancien et du Nouveau Testament ou  de la Mythologie.

 

La conversion de Saint Paul, peinture de Eugène Jusselin

   A cette époque, Montagnon emploie environ 120 ouvriers.  Brouard est le contremaître de l'atelier de peinture et quand  il quitte Nevers vers 1881,  Jusselin le remplaçe.  Il y  aborde la technique de petit feu, qui consiste à cuire les pigments à plus faible température que l'émail , ce qui diversifie la palette des couleurs. A ses moments perdus  il élève des  chiens terre-neuve dans sa maison de la rue du 14 juillet.

Plat à décor de canards,  technique de petit feu. (Musée de la faiënce de Nevers) 




    Jusselin quitte la maison Montagnon en 1885,  il n'a que trente-trois ans.

   Délaissant  la peinture sur faïence, (ainsi que sa première femme...), Jusselin  crée une entreprise d'équarrissage à Cosne, quai du Sanitas. Après les gros chiens, il s'est surtout pris de passion pour les fauves, il  achète dans des zoos lions, ours, panthères,  jaguars, jeunes ou adultes, et les dresse en ensembles de quelques individus  qu'il revend  aux dompteurs de métier, pour ensuite racheter d'autres animaux et les dresser. La nourriture des fauves vient directement de l'entreprise familiale...


  Jusselin est réputé  faire obéir ses animaux  au geste et à la parole sans utiliser le fouet ou d'autres instruments coercitifs, mais comme pour tous les dompteurs il doit faire face à  son lot d'accidents: un ours déchainé l'attaque, et ne doit son salut qu'à l'intervention de sa seconde  femme  Marie Alphonsine ( épousée en 1910)  qui abat l'animal à coups de revolver.


là, tout se passe bien

article paru dans La Croix en mars 1917



  Pour Jusselin, le dressage  est une passion,  et non un métier rapportant argent et renommée : d'apparence modeste, il n'est  connu comme dresseur de fauves amateur que par ses concitoyens  cosnois mais les professionnels  l'estiment  à sa juste valeur.  Il décède en 1928 à Gien.

1 commentaire:

  1. J'étais loin de me douter qu'il avait existé un élevage de fauves à Cosne! Quant à l'équarrissage, le Quai du Sanitas est idéalement situé derrière l'abattoir... et la Loire pas bien loin pour y jeter aux brochets les déchets non valorisables!

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