vendredi 22 novembre 2019

Une histoire industrielle nivernaise, épisode 1/5 :1907-1918.: Ferdinand Meslé, matériel agricole.

      En 1908, Ferdinand Meslé Fils est  fabricant de matériel agricole  à Nevers. Il a succédé à son père, Ferdinand Meslé aîné, décédé en 1900. Depuis la fin du 19ème siècle l'entreprise familiale Meslé- Beauchet, originairement spécialisée dans la ferronnerie,  produit et commercialise une gamme de semoirs , herses et  épandeurs d'engrais .
 Il vient de confier à la Société des Ciments  Hennebique  un projet  pour un nouvel atelier  au sol entièrement bétonné.





     Va-t-il agrandir son atelier du 34 rue du Mouësse ? C'est peu probable: l'atelier actuel est à un angle de rues,  coincé entre les chaussées et un hôtel- restaurant très fréquenté.  Sa desserte est peu pratique et le voisinage peu favorable au bruit de  la ferraille qu'on y  travaille. Le risque d'être frappé d'alignement sur cette intersection avec une route nationale  ne doit pas non plus être négligé.*

      Ferdinand Meslé doit donc chercher de la place là où on pourra en trouver.  
  Justement. l' année précédente (1907) a eu lieu une  crue de Loire très importante. L’eau à atteint à Nevers 5,34 mais,  contrairement à  1846 , 1856 et 1866, la ville n'a pas été inondée. 

  La crue de 1866 avait en effet emporté les défenses construites pour contrer  les effets de celles 1856, qui elle même  avait emporté celles construites depuis la crue de 1846 , qui,etc..   
 Les mesures prises depuis la crue précédente pour éviter la submersion de la ville et des berges ont donc montré une certaine efficacité. Suivant les préconisations de l'ingénieur Comoy,  on a préféré renforcer les protections et implanter des déversoirs  plutôt que de rétrécir encore  le lit et rehausser les ouvrages d'art existants. 


  En 1907, les digues ont donc tenu et si certains secteurs- la Jonction, l'arrière de la levée de Médine- se sont retrouvés les pieds dans l'eau, c'est davantage par remontée des nappes phréatiques que par submersion.




    Nonobstant le fait qu’en 1907, l'eau était montée 1 mètre en dessous du niveau de 1866, l'Etat et la municipalité déclarent alors prestement totalement constructibles les terrains situés derrière les digues sur les deux rives du fleuve…

  Rive gauche, le secteur de la Jonction, est aménagé depuis 1860 derrière les digues de la Blanchisserie (au premier plan de la vue ci dessous) et de la Jonction ( coté gauche du triangle) et adossé à celle, plus ancienne , de Sermoise. Il sera fini d’être cédé par l'Etat- qui était propriétaire des emprises du Canal- à la municipalité de Nevers en 1910.



    

 Pour revenir à Ferdinand Meslé, ce dernier est  propriétaire par héritage d'un terrain dit "Enclos de la Jonction", qui, entouré de prés et d'oseraies, servait auparavant de résidence  de campagne familiale.

document du Centre des archives industrielles et techniques de la Moselle


document du  Centre des archives industrielles et techniques de la Moselle


Plan en couleurs de la propriéte des Meslé, à la Jonction, en 1902.

Document conservé au  Centre des archives industrielles et techniques de la Moselle


    Ferdinand Meslé va donc  transférer  son usine de matériel agricole de l'autre côté de la Loire , en construisant au  4 quai de la Jonction  un bâtiment  de plus de 1000m2, à charpente en bois de châtaigner posée sur des fondations en ciment, lui même installé sur presque 5ha  de terrain. 


Etat en 2014




les anciens ateliers de la rue du Mouësse , époque Compain-Boyer 

   Ses locaux de la rue du Mouësse sont repris par un concurrent, la société Compain-Boyer , qui exercera jusque dans les années 30.

 La famille Meslé elle-même résidera maintenant au 13 de la très chic avenue Victor Hugo.  




   Les bâtiments industriels sont rapidement agrandis par une construction en charpente métallique, visible sur le cliché ci dessous, le bâtiment "historique" se trouvant au fond. La société Meslé emploiera jusqu'à 200 ouvriers.


Vers 1912. Ces bâtiments existent toujours. 

La cheminée n'a été démolie que dans les années 80.


  Les perspectives d' expansion de la société Meslé se brisent malheureusement sur les réalités économiques de la grande Guerre 1914-1918 .


collection personnelle Géo Daszner

  Effondrement des débouchés agricoles, réquisition des matières premières, remboursement des emprunts: les difficultés ont raison de la santé de  Ferdinand Meslé, qui devra vendre son entreprise en février 1918 à la maison Th. Pilter, un de ses concurrents..
 

F Meslé et Pilter au concours agricole de Lyon en  1907

   Mais ceci est une autre histoire...que nous vous raconterons prochainement.


* le 34 rue du Mouësse de nos jours...: ... ex-Pôle Emploi.


2 commentaires:

  1. Hâte de connaitre la suite. Mais j'ai ma petite idée...

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  2. Bonjour,
    J'étudie le parcours de mes arrières-grands pères comme combattants pendant la guerre de 14. L'un d'eux, Gaston Eugène DEMOLIN (1877-1926) parisien, tourneur de métier, a été affecté au 232e R.I. et après les combats de la défense du Grand couronné de Nancy, il a été en janvier 1916, selon sa fiche matricule "détaché comme tourneur sur cuir Maison Meslé quai de la Jonction à Nevers". Il est "rentré au dépôt le 19-9-17 venant de la Maison Meslé à Nevers". Réformé en octobre 1918 après avoir perdu un oeil (accident du travail: contusion par éclat de fonte), il se retire 48 rue de Nièvre à Nevers. Pensez-vous que l'usine Meslé, et ses ateliers construits peu avant la guerre quai de la Jonction, ait été réquisitionnés ou ait passé un accord avec l'armée pour fabriquer du matériel militaire, ou de l'armement, pendant la guerre de 14-18?
    Bien à vous,
    Claire M.

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