dimanche 7 février 2016

Libérez Bourdaire!..


NEVERS , Pont Mal placé , 1955.

  Cette vue de l'embouchure de la Nièvre n'est pas  intéressante pour ses seules  qualités esthétiques: sur la courbure du quai, à droite, on  distingue en effet deux incriptions.

    En bas un classique de 1955: "NON AUX ACCORD DE  PARIS"  (les accords de Paris -ou de Bonn et de Paris -sont un traité signé le 23 octobre 1954 et ratifié le 9 mai 1955 par tous les pays européens et américains qui acte l'entrée de la République fédérale d’Allemagne « en voie de remilitarisation » dans l'OTAN.)
  L'inscription est donc  probablement l'oeuvre de membres de la mouvance communiste.




    En haut , juste sous la Traction il est écrit:"Libérez Bourdaire Yvon"...

  Qui est ce Bourdaire? Et pourquoi faut-il le libérer?

   Yvon Bourdaire est originaire des Ardennes . Il fait la campagne 1939-1940 sur la ligne Maginot. Blessé, fait prisonnier, il s'évade. Démobilisé, il  reprend son poste à la S.N.C.F.  A la suite d'une altercation avec trois Allemands, il s'enfuit dans le Cher, puis ,réfractaire au STO, il rejoint  comme beaucoup le maquis .
  Alors qu'il combat dans les F. F. I. de la Nièvre, encore occupée, Bourdaire est poursuivi pour avoir , sur ordre de son chef de groupe, éxécuté à Cosne en compagnie de deux autres FFI, un suspect porteur de l'uniforme de l'organisation Todt.
 L'ordre avait été donné d'exécuter ce suspect, s'il était capturé. C'est un nazi d'origine hollandaise, qui rôdait dans le secteur,
  Bourdaire est présenté comme un homme sans moralité, il est accusé d'avoir pris 1.000 francs au mort, mais sans qu'on puisse  apparemment apporter la preuve du délit. Les deux camarades de Bourdaire, le "chargent" et reportent sur lui toute la responsabilité de l'exécution .
   Le chef de groupe, le lieutenant Ponsard, déclare bien à l'instruction avoir donné l'ordre d'exécution (et affirme que si le suspect lui avait été amené, il l'aurait, lui aussi,  fait passer par les armes), mais il décède avant l'audience et ne peut donc témoigner en faveur de l'accusé.
  Yvon Bourdaire est condamné à vingt ans de travaux  forcés en mars 1952,  8 nans après les faits par le tribunal militaire de Lyon.
  Le tribunal acquitte  les deux autres inculpés, dont la participation à l'exécution était pourtant  avérée.  Une campagne pour sa libération  se déclenche  immédiatement dans l'opinion publique,  et jusqu'à l'Assemblée Nationale  et au Sénat.
 En novembre 1953, les résistants de la Nièvre et du Cher  manifestent ensemble  à Marseilles-les-
Aubigny,  pour commémorer la mort au combat du commandant  Roland Champenier (qui fut 1e chef de Bourdaire), et exigent sa libération .

Il sera amnistié en 1954.

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