samedi 4 mars 2017

La sortie du tunnel.




  Une ouverture monumentale surmontée du  blason au lion rugissant — emblème de la ville de Nevers — des créneaux, deux tours appuyées sur la muraille... ce n'est pas l'entrée d'un château féodal, mais celle du tunnel  ferroviaire de Sampanges, entre Nevers et Saincaize.

 L'ouvrage est construit par l'entreprise Goyard et Buissonet dans le style néo-gothique très à la mode chez nos voisins britanniques vers les années 1850, époque à laquelle, venant de Bourges via Saincaize, le chemin de fer arrive à Nevers! Peu avant son ouverture au trafic un train spécial est mis à la disposition du préfet  pour lui faire visiter les différents ouvrages d'art de la ligne sur sa portion finale  Nérondes-Nevers .

Gravure  parue 1850 dans le journal  l'Illustration



  Le tunnel de Sampanges  est un vieil ouvrage qui doit être à peu près le dixième tunnel le plus ancien parmi les ouvrages d'art similaires du réseau ferré français.
  Long de 360 m, il livre passage aux deux voies de la ligne du Bourbonnais, à proximité imnnédiate de la gare de Saincaize.

la 241P  7 en tête d'un Clermont -Paris, en sortie du tunnel, en mars 1967.


Une "Caravelle" débouche du tunnel côté gare de Saincaize. A droite le poste A de la gare.

Autorail U150 côté Saincaize au début des années 60


coupe du tunnel averc ses 2 bouches d'aération


   Les terres du sous-sol de la colline de Sampanges sont argileuses et instables, et à la longue, provoquent des désordres importants dans la maçonnerie du tunnel, Dans les années 60, on redoute une coupure  du trafic, la vitesse en ligne étant déjà limitée à 30 km/h.

  Après avoir tour à tour envisagé de reconstruire  (en le mettant au gabarit d'une possible électrification), puis de le détruire en le remplaçant par une tranché ouverte, c'est la solution de la déviation par un nouveau tracé qui est retenue.

plan des tracés

 La colline de Sampanges n'est  en effet ni le Mont-Cenis, ni le Saint-Gothard ni même le Lioran. Pour l'éviter, il suffit  de dévier les voies  de 1 700 m en allongeant le parcours  de seulement 300m. Moins coûteuse, cette  solution a aussi l'avantage  de peu impacter  les circulations pendant les travaux et autorise   un relèvement de la   vitesse à  110 km/h.  Son tracé  reprend à peu près les emprises d'un embranchement existant menant à la gare d'eau de Gimouille , le long du canal.

le nouveau tracé en construction en 1966



  Origine de la déviation côté Nevers en 1967. 

Il ne reste qu'à poser les rails sur la plateforme.

le même endroit en 2018: les nouvelles voies sont en place 

et c'est  l'ancien tracé, à gauche qui est encombré par des arbres



  Les travaux ont lieu entre fin  1965 et le printemps 1967, date à laquelle les circulations sous le tunnel cessent.
  Il y aura donc 50 ans cette année que le tunnel et ses voies d'accès sont abandonnés (pendant un certain temps l'une  des voies coté Saincaize est conservée pour servir de rebroussement)

 En 2007 la SNCF cède la propriété de l'ouvrage à Monsieur Fassier l'éleveur qui possède les terrains  situés au dessus.

 La tranchée d’accès côté entrée Nevers est aujourd'hui obstruée par la végétation, mais certaines visites sont parfois encore organisées lors des journées du Patrimoine .





     Côté gare de Saincaize , la sortie n'est accessible qu'avec une autorisation de Réseau Ferré de France, mais les parois étant au bord de l'effondrement d'un côté.... et déjà écroulée de l'autre, l'entreprise est très dangereuse.

Photo Emile M.

3 commentaires:

  1. Je pensais que cette déviation était plus ancienne, et que la façade "néo-gothique" avait disparu. Belle présentation!

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  2. J'ai habité Gimouille et j'ai vu les travaux de construction de la nouvelle voie SNCF : un immense chantier à l'époque avec des "retombées" commerciales pour Gimouille importantes : boulanger, charcutier, épicerie et café... dommage que le tunel ne soit pas entretenu à minima... notre patrimoine fout le camp !!!
    PB

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  3. J'avais entendu dire qu'il devait être classé monument historique.

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