dimanche 13 janvier 2019

Libre dans sa tête




     Le village de Fâchin n'est constitué en commune qu'en 1871, par agglomération de hameaux  dispersés mais suffisamment  peuplés  (il y a alors 1000 habitants sur ce territoire ) mais eux mêmes trop éloignés des communes voisines..
 Soixante années plus tard, l’un des dix hameaux de Fâchin, les Buteaux, se trouve dans la même situation et  demande pour lui même la construction d'une école primaire et d'une cabine téléphonique, ceux du bourg de Fâchin étant jugés trop éloignés. Les habitants des Buteaux s'adressent au Ministre de l’Instruction Publique, et organisent une souscription pour aider au financement la construction.
 Le ministère promet, puis se dédit,  hésite, tergiverse, prétexte, louvoie... La presse locale souffle sur la polémique. Le préfet de la Nièvre s’en mêle: promesse de préfet, le projet sera aidé par l’Etat!    Mais rien  de concret n'avance .

  Au Buteaux, c'est l'été, et malgré le temps automnal cette année là, les esprits s'échauffent: c'est décidé: le 23 aout 1931 sera instaurée la  « Commune Libre des Buteaux ».
  Il faut d’attirer l’attention des lecteurs de la presse locale et rallier les soutiens. Pour cela, foin de gilets jaunes:  une méga bamboula gauloise est organisée!  Vercingétorix, revenu des geôles de César,  mène le défilé sur un char à bœufs,  suivi  par une théorie de beaux druides et de jolies druidesses, de reines des rochers, et autres personnages abracadabrantesques.



  On danse la bourrée sur la musique des vielleux et des accordéonistes , la restauration est assurée pour le midi comme pour le soir.  Des médailles  sont frappées pour commémorer l'occasion et les photographes s'en donnent à cœur-joie.  Le couronnement de la fête est l'élection du maire: Arthur Berthier, seul candidat en lice.




  Hélas, le résultat n'est pas à la hauteur du charivari et  des moyens mis en oeuvre par les libres administrés des Buteaux.

 Il y a bien la création des "Amis des Buteaux", syndicat  constitué pour "assurer la prospérité et le développement touristique du hameau des Buteaux et ses environs", et  qui fait l'objet d'un entrefilet dans la Revue du Centre l'année suivante, mais le projet de construction d'école proprement dit oscille entre enlisement, torpillage en règle  et enterrement de 1ère classe.

  Et non, il n'y aura pas d'école...  les enfants des Buteaux  continuent des années plus tard à marcher  4 km pour aller à l'école de Fâchin...
  Et, avec toute cette agitation, au passage, on a oublié la cabine téléphonique.

médailles souvenir :collection Bernard Nesly

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