Le 1er Aout 1934 parait dans la rubrique mondaine du Figaro l'article suivant:
"En l'église de Marzy (Nièvre), a été célébré, le 25 juillet,( ndr: le jour de la Saint -Christophe) le mariage de M. Maurice Le Mallier, fils ,de M. André Le Mallier, ministre plénipotentiaire, officier de la Légion d'honneur, et de Mme André Le Mallier, née Duval, 'avec Mlle Denise Eustache, fille.de.M. Robert Eustache et de Madame. née Crawshay. La bénédiction nuptiale a été donnée aux jeunes époux par l'abbé Masson, curé de la paroisse, qui a prononcé une très belle allocution. Les témoins étaient, pour la mariée, Mme William Saint-Clair, sa tante, et M. Henri Talabot, son cousin. Pour le marié la marquise de Roquefeuil et le lieutenant-colonel Horace Piaggio, officier de la Légion d'honneur, croix de guerre. Une très brillante réception eut lieu au château de Chasnay, après la cérémonie religieuse."
Les Le Mallier, qui ont aujourd'hui une place et une salle du musée municipal de Marzy à leur nom, deviennent par cette alliance propriétaires de château de Chasnay. (Denise Eustache est une descendante des Dufaud, anciens propriétaires des aciéries de Fourchambault). Le marié a 30 ans, il est "artiste peintre".
illustration de Maurice Le Mallier pour une revue mondaine en 1930 |
C'est semble-t-il en fait un fils à papa oisif qui, bien aidé par la fortune familiale, trafique plus ou moins dans les mondanités parisiennes, tandis que sa femme reste à Marzy . Il n'a pas laissé d'oeuvre notable à la postérité.. .
Il a par contre été le protagoniste de deux affaires judiciaires notables.
Le 4 février 1938 , un bijou constitué d'une grosse émeraude de 140 carats entourée de dix-huit rubis et brillants, et valant près de deux millions de francs de l'époque disparait de l'hôtel particulier de la comtesse de Merschoff. La pièce a appartenu au duc de Brunswick et la comtesse de Merschoff , une ancienne dame d'honneur de l'impératrice Alexandra de Russie, le considère comme un porte-bonheur. — La comtesse est âgée de plus de quatre-vingt-dix ans, et elle tombe malade . Pour faciliter sa guérison, elle fait placer l'émeraude porte-bonheur sur sa table de chevet. Mais le 4 février le bijou s'est envolé ! Victime à la fois de la maladie et du choc émotionnel, la vieille dame décède....
La deuxième affaire, celle de 1944, est plus tragique
1933 , la Renault Nerva 8 cylindres du fils Le Mallier. |
Il a par contre été le protagoniste de deux affaires judiciaires notables.
Le 4 février 1938 , un bijou constitué d'une grosse émeraude de 140 carats entourée de dix-huit rubis et brillants, et valant près de deux millions de francs de l'époque disparait de l'hôtel particulier de la comtesse de Merschoff. La pièce a appartenu au duc de Brunswick et la comtesse de Merschoff , une ancienne dame d'honneur de l'impératrice Alexandra de Russie, le considère comme un porte-bonheur. — La comtesse est âgée de plus de quatre-vingt-dix ans, et elle tombe malade . Pour faciliter sa guérison, elle fait placer l'émeraude porte-bonheur sur sa table de chevet. Mais le 4 février le bijou s'est envolé ! Victime à la fois de la maladie et du choc émotionnel, la vieille dame décède....
L'enquête de Police ne traine pas. Au bout d'une semaine on arrête la dame de compagnie de la comtesse, Mme Florine
Francken, 29 ans, qui reconnait le vol. Elle déclare avoir immédiatement confié le joyaux à notre ami peintre Maurice
Le Mallier, à qui elle a déjà servi de modèle... et peut être même plus. Le lendemain, Le Mallier s'envole pour Londres , où il liquide sept des brillants et trois rubis chez un bijoutier de la City pour 115 livres . Le Mallier est appréhendé à Paris et, sur ses indications, les autres pierres, dont la fameuse émeraude, sont découvertes au domicile pârisien de ses parents, 79, avenue de Villiers dans le 17ème arrondissement, cachées sous une pendule,. Le Mallier restitue les 115 livres. Il explique que son amie Florine Francken, se disant la filleule de la comtesse, lui a confié le joyau pour le vendre..
L'affaire est jugée devant la 8ème chambre correctionnelle, pour vol et recel.
Florine Francken continue à déclarer devant le tribunal qu'elle n'avait jamais eu en sa possession l'émeraude. -Pourquoi avez-vous caché cette émeraude dans une pendulette ? demande le président à Le Mallier. C'était, répond le peintre, pour ne pas compromettre Florine quand j'ai compris qu'elle avait dérobé le bijou.
Marié et père de famille, Maurice Le Mallier, artiste peintre, possède une confortable aisance financière. Il connait Florine depuis plus de 15 ans. Selon les parents Le Mallier, celle-ci ne cesse de lui demander de l'argent et, plusieurs fois, ses exigences auraient poussé le peintre à des crises de désespoir, qui laissent croire à ses proches qu'il va attenter à sa vie. Il vit, assure sa famille, dans une crainte continuelle de cette femme qu'il ne veut pas abandonner, et que, par pure bonté d' âme, il a régulièrement sauvée de situations délicates.
Après réquisitoire et plaidoiries, le président Roux rend son jugement: le vol du pendentif a été commis par Mme Francken, qui, cependant, en raison de son état de santé (elle est connue pour son comportement très excentrique et certains doutent même de son intégrité mentale) et de sa détention, a droit aux circonstances atténuantes . Florine Francken est condamnée à dix-huit mois de prison avec sursis et 100 francs d'amende. Le Mallier -fils de bonne famille- est acquitté, on considère qu'il a de bonne foi cru l'histoire de Mme Francken.
Aux héritiers de la Comtesse , parties civiles, on rend l'émeraude et les 115 livres provenant de la vente des diamants, plus 8.000 francs de dommages-intérêts.
Aux héritiers de la Comtesse , parties civiles, on rend l'émeraude et les 115 livres provenant de la vente des diamants, plus 8.000 francs de dommages-intérêts.
En pleine guerre, le père Le Mallier, 71, ans, ancien fonctionnaire et ambassadeur, notamment en Amérique du Sud, officier de la légion
d'honneur, doit passer devant le tribunal correctionnel pour une affaire d'attentat aux moeurs.
Malgré toutes les démarches , les jeux d'influence, et les dénégations de l'intéressé, l'affaire ne peut être étouffée. C'est le
déshonneur qui attend toute cette famille respectable de la bourgeoisie locale.
On tient donc un conseil de famille avec l'ex-ambassadeur pour décider de la conduite à tenir.
La conclusion tombe: pour échapper au procès, M. Le Mallier père doit se suicider.
Le jour prévu, le 4 avril 1944, M. le Mallier père et son fils Maurice, dont le public se souvient encore à cause de l'histoire de l'émeraude volée, se rendent dans une
ferme du parc de leur manoir de Chasnay à Marzy .
Le père, revolver en main, fait ses adieux à son fils, et pénètre dans un bosquet revolver à la main. A peu de distance, le fils doit attendre le coup de feu salvateur.
le chateau du Chasnay au milieu du XXème siècle |
Quelques heures plus tard les gendarmes de Fourchambault sont alertés: dans un fourré du parc du Chasnay, on a trouvé le corps de M. le ministre plénipotentiaire Le Mallier, L'adjudant de service fait les constatations préliminaires: le corps à reçu au moins deux balles et l'arme est introuvable. Puis le juge d'instruction Fonvielle , du parquet de Nevers, au vu de l'importance du défunt, dépêche sur place le capitaine de Gendarmerie Pierre et deux médecins qui examinent le corps. Et là, les praticiens sont formels: la position et le nombre des balles est incompatible avec un suicide. M. Le Mallier père ne s'est pas tué, on l'a tué. On interroge alors le fils, qui semble avoir été le seul présent à proximité des lieux. Il affirme d'abord qu'il n'a rien à voir avec la mort de son père, puis, devant l'insistance des gendarmes, finit par déclarer
en substance :
« Mon père, pour éviter le déshonneur dans la famille, voulait se tuer, mais il ne put y parvenir malgré
deux essais, par suite du mauvais fonctionnement du revolver, ou de son état nerveux . Il m'a prié de lui rendre le service de le
tuer et je lui ai obéi. » au moment d'être emmené, Maurice le Mallier tente de s'empoisonner avec des capsules de gardénal, et doit être emmené à l'hôpital de Nevers.
Jugé en cours d'assises à Nevers, Maurice le Mallier est condamné à 5 ans de prison .
Le jugement ayant été cassé, il est rejugé par la cour d'assises de Bourges en 1945, qui confirme la sentence. Il est libéré fin 1948.
Quelle histoire !!!!
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