mardi 16 juin 2020

La pompe à Sigmund

   En 1937 la société tchèque "Pompes Sigmund"  reçoit  une commande de l'État français pour 2 millions de systèmes de protection contre les gaz de combat.
  L'Etat-Major français  se  souvient  des attaques au gaz Yperite dans les tranchées   au cours de la première guerre mondiale et - toujours en retard d'une guerre- veut  prémunir les troupes contre ce danger.

  L'équipement Sigmund ressemble à un scaphandre  autonome de plongée sous-marine qui permet de respirer et  de survivre dans ce genre d’environnement. La production devant légalement  se faire en France, Frantisek Sigmund (1901 -1989) reprend une ancienne usine inoccupée à Nevers*  au  5 rue Albert 1er pour créer la SIAMEC (Société Industrielle d'Applications Mécaniques et Chimiques).

 Pendant la guerre de 14-18, la même usine produisait déjà des pièces pour des obus de 75 mm. La photo ci-jointe montre l’état de l'usine au milieu des années 1920, mais elle  y ressemble fort probablement en 1937.




 Le démarrage de l'usine se fait avec l'aide d'ingénieurs et d'ouvriers tchèques . Malheureusement, la production a à peine commencé  que les Allemands envahissent  la France en mai-juin 1940.

  Contrairement à ce qui  a pu être écrit,  l'usine de Nevers ne fabrique sans doute pas de pièces de fusils-mitrailleurs Bren. Ceux-ci,  des modèles  dérivés aussi d'une arme tchèque sont   exclusivement livrés à l'armée britannique et assemblés au Royaume-Uni avec l'appui technique d'un  autre membre exilé en Grande Bretagne de la famille Sigmund, Miroslav le frère cadet de Frantisek. (d'où la possible confusion) et la documentation technique que Vaclav Hladky, directeur technique de la SIAMEC parvient , via la Résistance, à expédier en Grande- Bretagne. 

  En juin 1940 l'usine  (et tout ce qui s'y trouve) doit être rapidement abandonnée. Les techniciens tchèques habillés en soldats sous uniforme français parviennent à évacuer l'usine et à passer la Loire avant que les Panzers ne pénètrent à Nevers le 17 .
  Le directeur de l'usine emmène avec lui certaines partitions originales  que son concitoyen, le  compositeur  Bohuslav Martinu (1890-1959) exilé à Paris  lui a  fait parvenir  quelques jours avant via la violoniste Colette Frantz .

   Le seul autre élément sauvé de l’usine SIAMEC est le canon antiaérien destiné à la défendre contre les attaques de la Luftwaffe: il est emmené sur un camion par les fugitifs et - d'après certains récits- a pu  abattre un ou deux avions allemands pendant la retraite avant que soit prononcé l'armistice le lendemain.  La plupart des ouvriers et techniciens Tchèques iront ensuite travailler dans les usines Hispano-Suiza à Tarbes, et Frantisek Sigmund part aux Etats-Unis.

 La ville de  Nevers fait alors partie de la Zone occupée, et l'usine est  "aryanisée" . Elle est en partie à capitaux tchèques, et les Tchèques sont considérés par les nazis comme des individus de second rang. D'autre part, malgré leur religion catholique déclarée, il semble que les Sigmund soient en fait d'origine juive. ( le reste de la famille, resté en Tchécoslovaquie, a disparu pendant la guerre, peut-être dans les camps de la mort).
   L'usine est réquisitionnée pour produire des pièces de rechange pour l'armée allemande, et des gazogènes.

janvier 1941

 On songe aussi en 1942 à y construire des "pulpeurs", machines destinées à produire un ersatz de farine de pain à partir de... résidus de betteraves.
"jetons de nécessité" de la Siamec



 Après la guerre, l’usine a une activité plus pacifique: la société suédoise Alfa-Laval y  crée en 1947 une fabrique de  machines pour la production de beurre à partir du lait ...


* on vous racontera son histoire dans un prochain article

2 commentaires:

  1. my grandfather vaclav hladky was technical director of siamec in nevers. befor he was in CHEMA olomouc-lutin. after the german wehrmacht invaded nevers, my grandparents and my father ivan hladky was hided by a family in nevers to not get caught by the nazis. them survived all, thanks to the grace of the french population and the ressistance. my grandfather gave all technical documents about the machinegun zbrojovka brno bren36 to the french ressistance and later the mi5 collected these documents in a secret mission to bring it to england. our family served the free world and the human kind combating against the nazis. today i live with my family in germany, the ex enemy country. daniel.hladky@hotmail.de

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  2. Mon grand-père Vaclav Hladky était directeur technique de la SIAMEC àNevers. Auparavant avant il était dans l'entreprise CHEMA olomouc-lutin. Après l'invasion de Nevers par la wehrmacht allemande, mes grands-parents et mon père Ivan Hladky ont été cachés par une famille à Nevers pour ne pas se faire prendre par les nazis .Ils ont survécu à tout, grâce à la grâce de la population française et de la résistance. Mon grand-père a donné tous les documents techniques sur la mitrailleuse Zbrojovka brno Bren36 à la résistance française et plus tard le mi5 a recueilli ces documents dans une mission secrète pour l'amener en Angleterre. Notre famille a servi le monde libre et l'humanité en combattant les nazis. Aujourd'hui, je vis avec ma famille en Allemagne, l'ancien pays ennemi.

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