samedi 14 mars 2020
Proclamation
En 1851, le neveu de Napoléon 1er choisit le 2 décembre, anniversaire du sacre de son oncle et de la bataille d'Austerlitz , pour conduire un coup d'État qui lui permettra de passer du statut de prince-président à celui d'Empereur des Français.
Au petit matin du 2 décembre , les Parisiens découvrent sur les murs des affiches annonçant la dissolution de l'Assemblée, «foyer de complots», le rétablissement du suffrage universel ( pour les hommes..), l'état d'urgence et la création prochaine de nouvelles institutions.
Dans la nuit du 2 au 3 décembre, seules quelques barricades sont érigées à l'est de Paris , ce qui n'empêche pas la mort de centaines de personnes .
Les émeutes sont beaucoup plus graves dans la Nièvre, l'Hérault, le Var et les Basses-Alpes où les sociétés secrètes républicaines tardent à se rendre faute d'informations fiables sur la situation à Paris.
L'insurrection éclate le vendredi 5 décembre, dans le Nivernais qui a voté "rouge" aux élections de 1849 . Les républicains de la Nièvre attendent les instructions venant de leurs homologues de Nevers., mais ces derniers ont été arrêtés, deux mois plus tôt, lors des opérations de police contre les sociétés secrètes locales, alors que les républicains de Clamecy et des communes situées alentours ont, eux, presque tous été épargnés par la répression (vraisemblablement par crainte de susciter des troubles dans ce territoire réputé "agité")
Tout débute donc à Clamecy, dans la soirée du 5. En quelques heures, le "petit peuple" artisan et commerçant du centre ville, renforcé par les flotteurs de bois (sur l'Yonne) du faubourg de Bethléem, se rend pratiquement maître de la cité.
Comme lors de la prise de la Bastille, on en profite pour libèrer quelques républicains détenus dans la prison locale. Une patrouille de six gendarmes est violemment prise à partie: elle laisse deux morts et deux blessés sur le terrain. Les républicains s'emparent de l'hôtel de ville, renforcés, dans la nuit du 5 au 6, par deux à trois mille paysans, artisans ou commerçants des communes voisines de Dornecy, Entrains, Corvol et Pousseaux. Pendant quelques jours, Clamecy est l'une des rares oasis républicaines dans une France qui a fini par accepter le coup d'Etat.
Un comité révolutionnaire social tente de maintenir l'ordre...républicain , suscitant chez les "bien-pensants » de tout poil une épouvante renforcée par la mort du gendarme Bidan. Celui -ci (un"brave homme d'un certain âge") est proprement lynché par une foule déchaînée qui refuse d'écouter les appels au calme de ses propres meneurs.
Eugène Millelot, le leader du mouvement, fait barricader la ville. Mais, à mesure qu’arrivent de la capitale les nouvelles de l’échec de l’insurrection parisienne ,les insurgés prennent la fuite : le préfet de la Nièvre, à la tête d'un important appareil policier et militaire entre dans une ville quasi-déserte le 8 décembre.
Cette insurrection républicaine sert de prétexte aux auteurs du coup d'Etat pour mettre en état de siège tout le département. - c'est-à-dire d'y donner les pleins pouvoirs aux autorités militaires.
Pour juger les opposants, le pouvoir organise partout des Commissions mixtes formées du préfet, des autorités judiciaires et des autorités militaires. On compte dans tout le pays 30 000 arrestations et 10 000 déportations vers l'Algérie ou la Guyane ( une partie importante des condamnés sera toutefois graciée l'année suivante). Soixante-six députés seront expulsés de France (dont Victor Hugo, ..)
A Clamecy , on parle de 576 condamnations.
Plus d’un millier d’habitants du Haut Nivernais et du Sud de l’Yonne sont victimes de la répression. Germain Cirasse et Pierre Cuisinier, de Pousseaux, sont guillotinés, le 30 juillet 1852, en haut du Crôt Pinçon, sur les hauteurs de Clamecy..
Trente ans plus tard , par la loi du 30 juillet 1881, une commission est créée par la Troisième République pour indemniser les "Victimes du 2 décembre" . Elle verse une pension annuelle aux insurgés ou à défaut à leur épouse et à leurs enfants qui en auront fait la demande. Pour la Nièvre 1209 dossiers donnent droit à indemnisation...
Un des résultats les plus connus de ce dédommagement est le café du Tivoli, à Dornecy avec sa façade ornée de multiples symboles maçonniques.
Il est construit par l'ancien insurgé Hippolyte Beaufils.. . Ce dernier,au départ tailleur de pierre dans l'une des nombreuses carrières dela région a été condamné à l'exil et est revenu en 1857.
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