La S.F.A.N. est au départ une société fondée en 1935 et spécialisée dans l’aviation légère
Son usine d’Issy les Moulineaux construit pour l'Aviation Populaire les SFAN 1 et 2 , des sortes d'ULM équipés d'un moteur de 25ch, et une version améliorée du Salmson Cri-Cri .
SFAN 1 |
Salmson Cri-Cri |
Entre la fin 1938 et l'année 1939, la S.F.A.N. transforme d'abord l'ancienne usine de machinisme agricole Th.Pilter en un site dédié à la fabrication aéronautique en série, avec l'air conditionné dans certains ateliers, les équipements de traitement thermiques, de production d'air comprimé, de soudure autogène, de traitement de surface de métaux, etc...
plan du batiment principal , quai de la Jonction, en 1940 |
Ceci une fois réalisé , le ministère de l'air confie à la société la production de l'avion école Morane - Saulnier 230. La production prévue est de 100 appareils par mois, plus les pièces détachées et le réparation.
Morane-Saulnier 230 |
Le Morane-Saulnier MS-230 est un monoplan biplace à aile parasol . Conçu en 1928, il est le principal avion biplace d'entraînement militaire français de son époque. Sa construction est mixte, métal et bois, avec des ailes avec deux longerons en tubes de Duralumin et des nervures en contre-plaqué et spruce, recouvertes de toile de lin. L'empennage, les parties mobiles des ailes et l'avant du fuselage sont en structures métalliques. Le reste de l'appareil, principalement en partie arrière, est en bois. Le revêtement est métallique à l'avant du fuselage, en toile pour le reste de l'avion. Le MS 230 est un appareil fiable et doté d'excellentes qualités de vol. Dans les écoles de l'Armée de l'Air et de l'Aéronautique navale, il servira à former des générations de pilotes jusque dans les années 1950.
Afin de pouvoir tester les avions, la S.F.A.N. approche les autorités locales pour réutiliser et améliorer le proche terrain d'aviation du Peuplier Seul (dit Cheutinville) désaffecté depuis l'ouverture en 1935 de l'aérodrome Nevers-Fourchambault à la Sangsue au nord ouest de la ville.
A l'armistice de juin 1940, la S.F.A.N produit 2 appareils par jour. soit à peu près la moitié de la cadence prévue.
Plus inhabituel (et oublié) est le destin de l'avion FK 58...
A partir de fin 1936, et malgré les discours pacifistes de Léon Blum, un programme de réarmement est initié par le Front Populaire, inquiet -à juste titre- de la montée en puissance quantitative et qualitative des armée de l'Allemagne et de l'Italie, qu'on voit clairement à l'oeuvre lors de la guerre d'Espagne.
Le ministre de la défense Daladier fait voter 21 milliards de francs de crédits pour la défense (soit une hausse de 50%), dont un tiers pour la seule aviation qui doit être équipée sous trois ans de 1500 appareils modernes.
Deux ans plus tard, en 1938, l'industrie nationale peine à fournir les appareils demandés pour renouveler son aviation de chasse.
On se tourne donc vers les avionneurs étrangers, notamment aux Etats-Unis et aux Pays-Bas. Dans ce pays, le principal constructeur, Fokker, est également sans capacité disponible, et seule, la société Koolhoven répond à l'appel d'offre français, avec le projet de Koolhoven FK 58 ( développé en seulement trois mois.)
Chasseur Koolhoven FK 58 |
Le FK58 est un appareil construit avec un fuselage en tubes d'aciers entoilés en partie arrière, et recouvert de tôles en alliage léger pour la partie avant. Les ailes sont en bois et contreplaqué. Le prototype s'envole le 17 Juillet 1938, il est convoyé par les airs vers la France pour être présenté au Salon de L'Air, avec une publicité résolument optimiste sur son avenir commercial et ses performances en vol.
La commande officielle est (enfin) passée par l'administration francaise en Janvier 1939 pour 50 appareils, destinés à servir en Indochine et en Extrème-Orient. Les FK58 sont tout d’abord livrés par les airs, les autres devant être expédiés en pièces détachées par bateau, via le Havre, et assemblés à Nevers dans l’usine de la S.F.A.N. à la Jonction.
En décembre 1939, 40 FK58 ont déjà été livrés directement des Pays-Bas et l'Armée de l'Air a reçu en dotation 14 chasseurs FK58 attribués à des escadrilles de Défense Aérienne du Territoire, pilotés en majorité par des Polonais . Cet avion de chasse aux médiocres performances "combat" jusqu'au 5 Juin. ( car il n'est pas certains qu'il ai réellement rencontré l'ennemi)
23 exemplaires du FK 58 sont encore en pièces détachées à Nevers, ou en chemin.... et un seul appareil y est terminé avant l'arrivée de la Wehrmacht à Nevers en juin 1944 .
A l’armistice les FK58 rescapés sont rapidement ferraillés . Un seul exemplaire est récupéré par les Allemands.
En plus du MS 230 et du FK58, il est demandé à la S.F.A.N de développer un avion de liaison dont un prototype est livré en juin 1940 (ce qui permet à la société d'empocher la prime ad-hoc) ainsi que des bombes planantes et des accessoires de tir améliorant les performances de la mitrailleuse d'aviation M39
En avril 1940, la S.F.A.N. décide de conclure la promesse d'achat de l'usine de Nevers à Th Pilter, moyennant 1,3 millions de Francs pour le matériel et 3Millions de Francs pour les terrains et les batiments.
En mai 1940 , tout est prêt pour finaliser la vente....mais au moment de signer on s'aperçoit que les pièces garantissant le non-gage du bien ne sont pas présentées par Pilter, et il faut donc reporter la transaction.
Entre temps, l'armée allemande est arrivée à Nevers, et on a autre chose à faire que de se consacrer à des opérations immobilières.
L'occupant, lui, décide... d'occuper l'usine , il se sert en machines en pièces détachées et en matières premières et utilise la zone comme garage pour son matériel militaire. L'usine et ses hangars devient le dépôt des véhicules des officiers supérieurs installés en ville, le Heeres-Kraftfahrpark (ou H.K.P.)
Tous les projets d'extension des bâtiments du printemps 1940, que ce soient de la partie en shed ou du grand hangard à toiture en tuiles sont bien entendu annulés.
Projet Chabert (toiture en tuiles) |
projet Dumez ( en sheds) |
Les pièces du dossier d'acquisition à Th.Pilter sont finalement prêtes en 1941 mais rien ne se passe jusqu'en 1943 ( ce qui génère des litiges judiciaires sur le paiements des impots fonciers, car on ne sait trop qui est vraiment propriétaire du site...) Entre temps la société Th Pilter est considérée comme une entreprise ... anglaise et placée sous administration allemande, ce qui ne facilite pas les démarches.
Il faudra attendre fin 1944, pour voir la vente finalement réalisée.
En juin 1944, quelques mois avant l'évacuation des troupes allemandes de Nevers, l'administration occupante se prépare à plier bagage . Le 19, un officier et quelques hommes font sauter les installations essentielles de l'H.K.P dans l'usine de la S.F.A.N et tentent d'y mettre le feu. Le lieutenant de sapeurs-pompiers Cottard, prêt à intervenir , est renvoyé d'un brutal : « Foutez le camp ! » quand il pénètre dans le site pour éteindre l'incendie.
Après la Guerre, en 1946 , l'inventaire des destructions et l'état des lieu est réalisé par Armand Inconnu, le célèbre architecte de la reconstruction de Nevers . A l'exception du hangar des réceptions ( en rose) et du transformateur électrique, les destructions sont plûtot légères et concernent surtout les aménagement intérieurs.
Vue aérienne de aout 1944 |
Toutefois, à partir de cette période,et jusqu'à sa disparition en 1969, la S.F.A.N. va toujours s'efforcer de récupérer un maximum d'indemnités pour "Dommages de Guerre"
1946 les zones roses ont été intégralement détruites. |
En pleine reconstruction de la France d'apès guerre , les besoins sont immenses tant pour l'industrie que pour le bâtiment.
Dans la première travée du batiment principal sont installées trois lignes de par électrolyse en continu.
Une ligne de zinguage
Une ligne de nickelage
Une ligne de chromage
Ces 3 lignes sont alimentées par des bobines de feuillard de métal nu analogues à celle-ci, et délivrent du métal protégé de la rouille, qui peut être remis en bobine ou découpé en tôles à plat.
Comme on le voit sur le plan, l'essentiel de la surface de l'usine est inoccupée, à peine 40% de la surface productive potentielle est utilisée, les 3 lignes étant regroupées les unes à coté des autres, a proximité de l'alimentation en éléctricité.
En 1952, La S.F.A.N. conclut avec les Laminoirs à Froid de Thionville une association en participation.
et ce sera l'épisode 4!
Bonjour, merci beaucoup pour cet article. Natif de Nevers et passionné d'aviation, j'ai beaucoup appris en lisant vos articles.
RépondreSupprimermerci de votre soutien
SupprimerEncore une fois, un article génial !
RépondreSupprimer3 ans de boulot pour dénicher les bonnes sources et les documents originaux...
RépondreSupprimerVraiment très intéressant, un vrai travail "d’historien"
RépondreSupprimerBonjour.
RépondreSupprimerExcellent travail concernant l’historique de la SFAN . Nivernais passionné par le secteur aéronautique en particulier par les aéronefs construits ou assemblés dans l’usine de la SFAN . Ma recherche concerne lef’KOOLHOVEN F.K.58.d’origine hollandaise assemblé dans les années 1938 - 1940 .
Auriez-vous des archives concernant cet appareil et où se sont déroulés les essais en vol à Nevers.
Vous en remerciant par avance .
Bien Cordialement.
Jean Claude Bussy .
Courriel : aviasud@hotmail.com