Jean-Baptiste Amelot (1674-1742), ingénieur des Ponts-et-Chaussées, imagine vers 1700 le projet d’un canal de la Loire à l’Yonne, empruntant le cours du Nohain, à partir de Cosne.
Cette voie doit permettre de transférer des marchandises qui descendent le cours de la Loire vers le bassin de la Seine et Paris, d’y acheminer les productions du Nivernais , notamment des bois à destination de Paris dont l'approvisionnement est contraint par le système de flottage à buches perdues dans le Morvan , ainsi que d'offrir de nouveaux débouchés aux productions métallurgiques locales .
L'idée est d’utiliser sur 45 kms la vallée du Nohain et sa pente douce et régulière en passant de Cosne à Donzy, puis par Entrains (orthographié Antrin ou Antrain sur les cartes ci dessous) où la rivière prend sa source , et où Amelot est d'ailleurs propriétaire d'une terre.
La seule difficulté reste alors le franchissement du seuil qui sépare cette vallée du Nohain du village d’Etais-la-Sauvin, pour, en continuant vers l'Est, rejoindre le cours du ruisseau d'Andryes, qui se jette dans l’Yonne à Surgy.
Les étangs d'Entrains devant alimenter les biefs du canal |
Avec l’appui du maréchal d’Estrées, Amiral, Gouverneur de Nantes et Vice-Roi d’Amérique, Amelot obtient des lettres patentes pour la création de la société du canal le 27 juin 1719.
Le projet est aussitôt attaqué par le parti du duc Philippe d'Orléans. Ce dernier se trouve être Régent du Royaume au moment où le projet est examiné. Il voit en ce canal un concurrent direct de ceux de Briare et d’Orléans , dont il tire lui même des revenus .. et surtout du canal du Loing, alors en construction ,mais qu'il lui faut en attendant financer . Le duc d'Orléans parvient à empêcher l'enregistrement des lettres patentes par le Parlement , ce qui leur aurait donné force de loi.
S'en suivent 23 ans de débats techniques et judiciaires, qui bloquent tout les travaux.
carte utilisée lors des procès |
le tracé du canal |
En 1742 le Conseil du Roi, finit par « faire défense aux promoteurs du projet de construire le canal de Cosne, ni de troubler directement ou indirectement M. le duc d’Orléans… » ( il s'agit là de Louis d'Orléans, fils du Régent, lequel est mort en 1723). Amelot, ruiné, meurt, laissant à sa femme des plans et des dettes.
Le dossier ressort épisodiquement sous diverses formes en 1747, 1766 et 1784.... On réalise au passage que pour en exploiter tous les avantages, il faudrait aussi canaliser l'Yonne en aval de Clamecy (ce qui sera réalisé bien plus tard par le prolongement du Canal du Nivernais.)
Les héritiers d'Amelot réactivent le projet à la Révolution . Plus de Grand du Royaume pour s'opposer à leur demande, mais le dossier achoppe de nouveau sur la nécessité de préserver l’activité des nombreux moulins à eau du val de Nohain et de ne pas mettre potentiellement en danger la navigabilité de l’Yonne jusqu’à Auxerre . (Le canal du Nivernais ne sera achevé que vers 1840.)
Même le redouté Fouché -alors représentant du peuple dans la Nièvre- qui ordonne par un arrêté d'Août 1793 l'ouverture du canal selon un nouveau tracé Cosne- Clamecy en suivant le Nohain, puis le ruisseau de Corbelin et le Sauzay, via Corvol-L’Orgueilleux, ne convaincra pas les opposants de tout poil.
En 1829 , Dupuis de Torcy et Buisson, deux ingénieurs des Ponts et Chaussées, reprennent l'idée, et la prolongent jusqu'au canal latéral à la Loire.
Ce plan n'a pas plus d'effectivité que les précédents .
Rétrospectivement , l'intérêt d'un tel ouvrage aurait été de courte durée, le déclin du bois de chauffage et celui de la petite industrie métallurgique étant déjà engagé, et le canal du Nivernais reliant Loire et Seine en construction.
Fin de l'histoire ? Pas tout à fait : au tournant des 19ème et 20ème siècles, l'idée de voies navigables aidant au développement de la région refait surface, et en 1907 le projet d' Amelot est encore évoquée comme une alternative possible...avant de sombrer définitivement dans l'oubli .
De canal de Cosne, il n'y eu point....
Je connaissais ce projet pour l'avoir découvert il y a longtemps, à la bibliothèque municipale (on ne parlait alors pas encore de médiathèque...) de Cosne. La première carte me fait furieusement penser à l'Atlas de Trudaine; d'où est-elle extraite?
RépondreSupprimerfonds Gallica de la BNF
SupprimerMerci!
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