Transports rusés.

 Charles Renard, Polytechnicien,  dépose en 1903 le brevet  du "Train Renard" . Un systeme de trains routier où la liaison entre chaque véhicule  agit sur les roues du véhicule  (ou remorque ) suivant,   d'une part sur les avant directrices du véhicule suivant avec un arbre de direction (flèche bleue) ,  et d'autre part sur les roues arrière ce cette même remorque rendues motrices  par un système de transmission à cardan  coulissant.(flèche verte)

  Les  arbres reliant entre eux les tronçons portés par les véhicules sont démontables, de manière à permettre de séparer ou de réunir à volonté les différentes voitures , selon la capacité souhaitée

 Ceci permet, si la vitesse n'est pas trop élevée , que les roues tractées  suivent  à peu près la même trajectoire que le tracteur de tête , un peu comme sur un rail.

Le système est au départ conçu pour des applications militaires il s'agit d'améliorer l'évolution en terrain difficile des transports de troupe et de matériel..

  En 1906, Charles Renard vend ses trains routiers dans plusieurs départements. Le développement  n'est pas spectaculaire . Pas plus de cinq clients: dans les Vosges, ( pays d'origine de Renard) , en Bretagne nord,  dans la Loire près de Roanne , le Pas-de-Calais et… dans le Cher.  Deux audacieux  nommés  Debrade ( un agent des assurances L'Aigle ) et Buteau  y créent la Compagnie des Trains Renard du Cher.



 Les premières voitures arrivent à Bourges le 2 mai 1907 via  Cosne .
 Le business ne commence pas  sous les meilleurs auspices; le jour même de son arrivée, une rame percute place Planchat un tramway , qui brûle comme un tas  de fagots devant les badauds pétrifiés.
 

  Malgré cette entrée spectaculaire dans le département, la compagnie des trains Renard s'installe à Nérondes et lance, le 17 novembre, le premier service automobile du Cher, de " Nérondes à Blet ".
 Le train du matin achemine le courrier. Il part à 5 h 30 de la gare de Nérondes ; à 6 h 50 les dépêches sont à la poste de Blet.

  Le train parcourt les 15 km en 1 h ;  une allure plutôt lente, mais néanmoins plus rapide que la voiture à cheval.   Dans les mois qui suivent, la Compagnie des trains Renard lance aussi un service de messageries par autobus classique qui se développe vers Sancergues et La Charité, puis Bourges via  Villequiers et Baugy.

     Mais cette croissance sera de courte durée. Plusieurs accidents effraient la population
     A la Charité, par exemple: le 27 août 1907, suite à  la rupture de son système de freinage, l'autobus des messageries dévale la descente de la grande rue à 30km/h, et finit  dans la vitrine d'un bourrelier. L'accident  inquiète les foules.
 La curiosité n'empêche pas  les clients de  rester prudemment spectateurs, quand passent le train ou même les autobus "normaux"...
 Au bord de la banqueroute financière, la Compagnie se tourne vers le Conseil Général du Cher, qui lui  "refuse la moindre subvention ". L'entreprise est liquidée en 1911.
  Les autres compagnies françaises n'ont pas mieux réussi, la dernière s'est éteinte en 1914.
 On rencontre aussi des  trains Renard  en Hollande, en Hongrie et même en  Iran.
  Ailleurs la “Renard Road and Rail transport Corporation” a plus de succès : elle  s'associe  avec la Société Daimler de Coventry pour la production  de trains routiers destinés aux grands espaces et aux mauvaises routes de l’Empire Britannique  : Egypte, Canada, Australie, Afrique du Sud.  Les trains Renard britanniques sont produits à environ 200 exemplaires jusqu’à l'entrée dans la guerre de 1914. L’un d’entre eux,  est parait il visible actuellement en état de marche...près d’Adélaïde, en Australie, le pays des trains routiers, loin, si loin de Nérondes.

Train Renard en Australie